EGE

DÉFI 6 : AIDONS LES JEUNES LES PLUS FRAGILES À BIEN PARTIR DANS LA VIE

CONTEXTE

Les jeunes ont à relever des défis communs mais ils ne sont pas égaux en ce qui concerne les ressources dont ils disposent pour surmonter ces défis.
Certains jeunes connaissent en effet des difficultés supplémentaires, du fait d’un handicap, d’un parcours de vie familial ou individuel plus compliqué, et ce parfois dès la naissance.
Les enseignants et professionnels de l’éducation se sentent démunis face à des jeunes confrontés à des difficultés / fragilités.
On demande souvent plus à ceux qui ont reçu le moins (par exemple, aux jeunes placés à l’Aide sociale à l’enfance qui doivent devenir autonomes dès 18 ans alors que l’immense majorité des jeunes de cet âge sont encore soutenus par leurs parents).
Par ailleurs, les jeunes en fragilité ont plus de mal à se projeter dans l’avenir, et sont privés d’horizons élargis, limités par un manque de confiance, de mobilité, de connaissance des filières et des métiers, de modèles inspirants…
Enfin, les compétences sociales, la culture et la mixité sociale sont de moins en moins renforcées ou évidentes dans les écoles : l’éducation populaire, les activités hors de l’école peuvent combler une partie de ce manque mais ne touchent pas tous les jeunes.

OBJECTIFS

IMPACT

% des jeunes (15-29 ans) qui ne sont ni en emploi, ni en étude, ni en formation

% taux de non-diplômés parmi les jeunes de 15-24 ans

Actuel % de boursiers dans les grandes écoles

3 PROPOSITIONS PRIORITAIRES

#1 FAVORISER LA DIVERSITÉ DANS LES GRANDES ÉCOLES

CONTEXTE

L’accès à l’enseignement supérieur reste inégalitaire. Au fil de la scolarité, la part des enfants d’ouvriers se réduit alors que celle des enfants de cadres augmente.

Le contexte lié à la crise sanitaire renforce les difficultés (disparition d’emplois étudiants, chômage des parents…) et augmente la précarité étudiante.

Il existe des initiatives pour renforcer les bourses dans certaines écoles, mais ce système n’est pas obligatoire.

En 2019, on compte seulement 27 % d’étudiants boursiers sur critères sociaux dans les grandes écoles contre 38 % dans l’enseignement supérieur (11 % pour Polytechnique, 15 % pour HEC, 19 % pour l’ENS, 12 % dans les écoles de commerce). En revanche, plus de la moitié des étudiants dans les sections de Technicien Supérieur et Assimilés (STS) sont boursiers (54 %).

OBJECTIFS

Actions

Instaurer un quota d'1/3 d’élèves boursiers dans toutes les grandes écoles et y conditionner les financements publics.

Faire connaître les cursus de grandes écoles auprès des lycées en REP+ via des étudiants ou enseignants pour inviter à candidater.

Augmenter les bourses pour les étudiants boursiers dans les grandes écoles.

Proposer un accompagnement personnalisé aux étudiants boursiers.

Proposer des solutions de financement pour couvrir les frais de vie : logement, matériel scolaire, etc... pour les étudiants boursiers des grandes écoles.

#2 AUGMENTER LES ACTIONS ÉDUCATIVES EN IMMERSION DANS ET HORS LES MURS

CONTEXTE

Les compétences sociales et la culture sont essentielles à la réussite à long terme, mais sont actuellement peu intégrées dans les programmes scolaires.

Les parents ne peuvent pas combler entièrement ce manque, pour diverses raisons : difficultés économiques ou familiales, différences culturelles ou linguistiques…

De plus, la mixité sociale est de moins en moins évidente dans les écoles, où les enfants ont des camarades de classe qui leur ressemblent de plus en plus (sur les plans socio-économique, ethnique/racial, linguistique, parcours d’immigration…).

OBJECTIFS

Actions

Favoriser les actions immersives permettant d’articuler les savoirs et les expériences concrètes tout au long de la scolarité et de redonner du sens, par exemple :
Donner des cours « hors les murs » (histoire au musée, éducation civique au palais de justice, géographie dans une entreprise, biologie au jardin botanique, etc...).
Faire venir « dans les murs » des acteurs éducatifs qui travaillent sur l’ouverture culturelle.
Dans les établissements, organiser des activités d’animation de qualité pendant la pause méridienne pour permettre à des enfants qui n'ont pas d’activités extrascolaires d’en avoir une.
Rassembler plusieurs classes de différents établissements, de quartiers aux typologies/CSP différentes, pour des activités communes.
Sur le temps des vacances, développer les « vacances éducatives » pour les enfants de 6 à 17 ans, libres d’accès avec un soucis de mixité sociale et dont le but est de profiter des vacances pour se cultiver, tout en apprenant à vivre ensemble.
Favoriser l’accompagnement individuel via les temps d’immersion (ex : proposer un séjour court à un élève et le valoriser en classe).

Développer le programme éducatif de ces séjours, pour rendre possible :
La découverte de disciplines sportives ou culturelles.
L’apprentissage, des valeurs telles que le respect et l’accueil de l’autre, la tolérance, les règles de politesse et de vie en société, etc.

#3 PROPOSER À CHAQUE JEUNE ET FAMILLE EN FRAGILITÉ UN RÉFÉRENT SUR QUI COMPTER DANS LA DURÉE ET UN PARCOURS PERSONNALISÉ

CONTEXTE

Les jeunes les plus fragiles sont souvent suivis par une multitude d’acteurs différents qui peinent à se coordonner : école, aide sociale à l’enfance, protection judiciaire de la jeunesse, professionels de santé…
Ils sont pénalisés par ce manque de coordination. Le manque de continuité dans leur suivi les oblige à répéter mille fois leur histoire personnelle et crée des ruptures qui les soumettent parfois des injonctions contradictoires.

OBJECTIFS

Actions

Former des référents (internes ou ex- ternes à l’établissement scolaire) qui puissent accompagner chaque jeune – et sa famille – en fragilité dans la durée et/ou l’orienter vers d’autres structures en cas de besoin.
Ce référent jouerait un rôle clé pour coordonner les actions éducatives et tisser un lien de confiance dans le temps long, avec le jeune, la famille et les partenaires.
À travers cette relation continue, le jeune peut retrouver confiance en sa capacité à réussir malgré les difficultés rencontrées.
On limiterait les effets de rupture et de seuil, qui sont particulièrement préjudiciables pour les jeunes les plus fragiles.

Développer un protocole d’intervention à appliquer auprès de chaque élève en décrochage.
Le décrochage scolaire est un des facteurs les plus importants de risque d’inactivité et/ou de chômage de longue durée (Scarpetta, Sonnet et Manfredi, 2010). Les jeunes qui ont décroché ont deux fois plus de risques d’être au chômage que ceux qui sont sortis avec un diplôme de niveau CAP ou baccalauréat (Depp, 2016). Il est nécessaire en cette période de crise de veiller à construire un protocole d’intervention solide, prenant en compte ces réalités et risques.

De manière plus générale, développer des modules de « savoir-être » dans la formation initiale et continue des enseignants, pour les aider à se positionner par rapport aux élèves et à adopter une posture soutenante plutôt que jugeante à l'égard aux parents, ainsi que des modules de « savoir-faire » face aux besoins spécifiques des jeunes les plus fragiles (fragilité sociale ou fragilité liée à un handicap).

Proposer pour chaque jeune en difficulté un « parcours personnalisé du jeune », avec des objectifs adaptés à sa situation, en lien avec l’enseignant, les parents et le jeune concerné.

DÉFI 7

FAISONS CONFIANCE AUX ACTEURS DE TERRAIN