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DÉFI 4 : DIVERSIFIONS LES PARCOURS DE RÉUSSITE, AU LIEU DE SÉLECTIONNER PAR L’ÉCHEC

CONTEXTE

Dans les représentations, le système éducatif français fonctionne selon un système pyramidal, avec deux objectifs plus ou moins affichés :
• Donner un socle commun à tous les jeunes,
• Puis sélectionner progressivement une « élite », principalement en fonction de compétences intellectuelles, jusqu’à un sommet accueillant peu d’élus, ce sommet étant assimilé à la poursuite d’études dans l’enseignement supérieur.

On sélectionne par l’échec, en ne valorisant pas les talents de ceux qui ne rentrent pas dans le « moule » scolaire et ne se projettent pas dans des études longues.
Les voies professionnelles restent perçues comme un choix par défaut.
Les Français sont marqués par l’obsession du diplôme qui donne le sentiment que la vie se joue à 16, 18 ou 20 ans, en fonction du choix d’une filière.
• La responsabilité de l’égalité des chances pèse quasi-exclusivement sur l’école. Ce qui crée des attentes démesurées à son égard.
• L’entreprise ne s’affirme pas assez comme un lieu de formation et d’ascension sociale tout au long de la vie, confortant les situations des salariés ayant déjà des formations initiales poussées.

EN SAVOIR PLUS :

Cette vision très réduite de la « réussite » génère beaucoup d’exclus et une difficulté à former des talents diversifiés répondant aux multiples besoins de la société : • Assez monolithique, le système éducatif arrive à s’adapter lorsqu’il s’agit de tenter de « raccrocher » ceux qui sont déjà en décrochage. Mais cette capa- cité de personnalisation apparaît tardivement, une fois que les jeunes sont en situation d’échec... Malgré une intention généreuse, le collège unique pose problème en ne permettant pas à certains jeunes d’aller au maximum de leur potentiel et en étant inadapté pour d’autres, qui décrochent. • Même le socle commun n’est pas maîtrisé par une part importante de jeunes qui sont laissés sur le bord du chemin : parmi les sortants de formation initiale entre 2016 et 2018, 24 % ont un niveau master ou supérieur, mais 13 % n’ont aucun diplôme ou seulement le brevet !

OBJECTIFS

IMPACT

Comment la France détecte et forme ses patrons du CAC 40

% des jeunes (16-25 ans) en apprentissage

3 PROPOSITIONS PRIORITAIRES

#1 CHANGER LE REGARD SUR LA RÉUSSITE EN VALORISANT DES PARCOURS DE VIE VARIÉS

CONTEXTE

Les voies autres que générales restent perçues comme un choix par défaut et comme une « voie de garage », réservée à ceux qui ont échoué.

Le système éducatif ignore trop les talents de ceux qui ne se projettent pas dans l’enseignement supérieur. Il ne valorise pas la différence, et ne tient pas compte de la diversité des profils des jeunes (les 20 % des enfants/jeunes qui portent des singularités).

Cette vision de la « réussite » fait peser sur les jeunes une forte pression, génère beaucoup d’exclus et entraîne une difficulté à former des talents répondant aux besoins du monde professionnel.

OBJECTIF

Actions

Décloisonner l’accès des élèves aux options professionnelles, technologiques et générales et leur donner vraiment le choix des parcours pédagogiques :
- Au collège (avec un socle commun de matières fondamentales) : en sélectionnant 3 options qui peuvent être professionnelles, technologiques ou générales, dont 2 options majeures (obligatoires pendant 1 an) et 1 option mineure (obligatoire pendant un trimestre), pour découvrir d’autres options :
dont obligatoirement une professionnelle ou technologique).
- Au lycée (avec un socle commun de matières fondamentales) : en sélectionnant 2 options majeures (obligatoires pendant les 2 dernières années), qui peuvent être professionnelles, technologiques ou générales.

Organiser des ateliers de connaissance de soi, dès le collège, pour faciliter la projection vers tous les parcours.

Développer le « faire pour apprendre » qui favorise la transmission des savoirs par l'expérience (expérimenter pour se projeter vers des métiers). Aujourd'hui, on pratique surtout la démarche « apprendre pour faire ». La découverte des métiers – pour les jeunes et leurs parents – ne doit pas être proposée seulement à ceux que l'on juge en difficulté.

Repenser l’évaluation : Évaluer les compétences, pas seulement les matières, pour valoriser tous les talents. Rééquilibrer les coefficients pour valoriser l’élève là où il est bon.

Diffuser et partager de la manière la plus large possible des témoignages de réussite pour changer les perceptions.
- À travers des vidéos, diffusées massivement à la télévision et sur le net, mais aussi mises à disposition des équipes éducatives pour diffusion auprès des jeunes – par exemple, vidéos valorisant des femmes et des hommes avec des origines et des parcours variés... qui témoignent de leur réussite dans des champs très différents.
 - À travers des témoignages à l’école (ex. les interventions dans des classes organisées par 100 000 Entrepreneurs, « Échanges, rencontres et découverte de l’entreprise » organisés par la Fondation TF1).
- À travers des visites et témoignages dans les lieux de travail.

#2 FAIRE DE L'ENTREPRISE UN LIEU PRIVILÉGIÉ DE FORMATION ET D'ASCENSION SOCIALE

CONTEXTE

Le monde du travail est en train de vivre une profonde mutation. La formation ne peut plus être une séquence dans la vie, entre la naissance et l’entrée dans la vie active. Elle est indispensable tout au long de la vie. Dans cette perspective, le monde du travail et les acteurs professionnels ont une responsabilité éducative à assumer.

L’ascension sociale ne doit pas s’arrêter à l’école. Les salariés qui ont des formations initiales courtes doivent pouvoir suivre des parcours de formation et d’ascension par le travail.
• Or, aujourd’hui, ceux qui ont les formations initiales les plus poussées sont aussi les principaux bénéficiaires de la formation continue tout au long de leur parcours professionnel.

OBJECTIF

Actions

Sensibiliser les dirigeants d’entreprise à la responsabilité éducative des entreprises, afin qu’ils mettent en place des politiques de ressources humaines actives :
Mettre en place des politiques de ressources humaines qui donnent aux salariés la possibilité de développer leurs talents et de prendre des responsabilités croissantes. Elles permettraient des parcours de réussite, d’ascension sociale et de formation tout au long de la vie, notamment pour les salariés ayant des formations courtes.
S’appuyer sur des outils personnalisés comme « le carnet d’apprenant tout au long de la vie », couplé au nouveau compte personnel de formation (ex. le programme « passe- port » de DHL).
Dans la formation continue, communiquer la répartition des dépenses selon le niveau de formation initiale des salariés – avec un focus sur les formations infra-bac et les « travailleurs pauvres ».
Développer largement la VAE (validation des acquis de l’expérience) avec des diplômes reconnu

Mettre en place des programmes « hauts potentiels » non seulement pour leurs jeunes recrues de grandes écoles ou des meilleures universités, mais aussi pour les jeunes qui sont embauchés après une formation courte - infra-bac.

Mettre en place un label pour valoriser les entreprises (toutes tailles / tous secteurs) qui développent l’employabilité et reconnaissent les compétences plus que les diplômes.

« Cursus Cadre », créé par la Société Générale, est une formation en un ou deux ans, visant à former les collaborateurs recrutés avec un diplôme insuffisant ou inadapté pour prétendre au statut de cadre au sein de la banque. Les collaborateurs doivent prendre l’initiative de postuler à cette formation qualifiante, en deux ans en parallèle de l’activité professionnelle. Le collaborateur futur cadre est ainsi suivi par deux mentors, et se soumet à la rédaction d’un mémoire et à la passation d’examens.

#3 CO-CRÉER LE CONTENU DES FORMATIONS PROFESSIONNELLES ENTRE SYSTÈME ÉDUCATIF ET MONDE PROFESSIONNEL

CONTEXTE

Les entreprises ne peuvent pas attendre du système éducatif qu’il leur fournisse des salariés « prêts à l’emploi ». De nombreuses entreprises l’ont compris et s’engagent davantage.

À travers les branches professionnelles, les entreprises sont déjà impliquées dans la définition des référentiels des formations professionnelles, mais leur rôle n’est pas suffisamment reconnu, et les évolutions des formations ne correspondent pas toujours aux évolutions des métiers .

Avec la réforme de l’apprentissage, les entreprises jouent un rôle croissant dans la formation des jeunes. Des entreprises développent leurs universités, leurs centres de formation…

OBJECTIF

Actions

Établir des liens entre les écoles et le monde professionnel, pour que les acteurs de ce dernier puissent intervenir et contribuer à la formation plus en amont (ex. mentorat pour les jeunes en recherche d’emploi après le brevet).

Organiser 2 fois par an une rencontre enseignants-acteurs professionnels pour travailler ensemble – obligatoire pour tous les collèges/lycées (à l’image de ce qui se fait à travers les comités locaux école-entreprise).

Proposer un cadre attractif pour que les acteurs professionnels s'engagent dans la création de formations, avec plusieurs étapes :
Accompagner les acteurs professionnels à définir leur stratégie et leur plan d’action sur le champ éducatif.
Définir des indicateurs de mesure de l’impact éducatif des entreprises et communiquer sur ces indicateurs (incluant par exemple le nombre de contrats d’apprentissage signés dans l’année, avec les détails sur les apprentis selon qu’il s’agit d’étudiants du supérieur ou de jeunes de niveau inférieur au bac).
Évaluer les engagements des entreprises dans ce domaine, et intégrer ces indicateurs dans leur reporting extra-financier (ex. bilan social, Global Reporting Initiative, ISO 26000). Récompenser les entreprises qui réussissent : lancer une prime, un trophée, etc. pour les entreprises participantes, selon leur taille / secteur / activité. Lancer un classement des « entreprises préférées des stagiaires et apprentis ».

DÉFI 3

ATTIRONS LES MEILLEURS TALENTS DE NOTRE PAYS AU SERVICE DE L’ÉDUCATION

DÉFI 5

RÉCONCILIONS L’ÉDUCATION AVEC LE MONDE ET LES MÉTIERS QUI ÉVOLUENT